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Comme dans les livres

Comme dans les livres

 

 

Le Portel C

 

Le Portel, 18 septembre 2010

 

 

La première fois que j'ai vu Lambert, c'était le jour de la grande tempête. Le ciel était noir, très bas, ça cognait déjà fort au large. 

Il était arrivé un peu après moi et il s'était assis en terrasse, une table en plein vent. Avec le soleil en face, il grimaçait, on aurait dit qu'il pleurait. 

Je l'ai regardé, pas parce qu'il avait choisi la plus mauvaise table, ni pour cette grimace sur le visage. Je l'ai regardé parce qu'il regardait comme toi, les yeux dans le vague, en frottant son pouce sur ses lèvres.

J'ai pensé qu'il était journaliste, une tempête d'équinoxe, ça pouvait faire quelques bonnes photos. Derrière la digue, le vent creusait les vagues, boutait les courants, ceux du raz Blanchard, des fleuves noirs venus de très loin, des mers plus au nord ou des tréfonds de l'Atlantique. 

Morgane est sortie de l'auberge. Elle a vu Lambert. 

 

- Vous n'êtes pas d'ici, elle a dit en lui demandant ce qu'il voulait. 

Elle avait le ton maussade des jours où elle devait servir les clients quand le temps était mauvais. 

- Vous êtes là pour la tempête ?

 

Il a fait non avec la tête.

 

 

Les déferlantes, Claudie Gallay. Extrait.