Puy-de-Dôme, Mareuge, 25 mars 2008 14h45
Il neige.
Sous les flocons la porte
ouvre enfin au jardin
de plus que le monde
J'avance. Mais se prend
mon écharpe à du fer
rouillé, et se déchire
en moi l'étoffe du songe.
J'avance dans la neige, j'ai fermé
les yeux, mais la lumière sait franchir
les paupières poreuses, et je perçois
que dans mes mots c'est encore la neige
qui tourbillonne, se resserre, se déchire.
Neige,
Tu vas , le coeur battant, dans la grande neige.
Tout, maintenant,
bien au chaud
sous ton manteau léger,
presque rien que de brume et de broderie,
Madone de miséricorde de la neige.
Contre ton corps
dorment, nus,
les êtres et les choses, et tes doigts
voilent de leur clarté ces paupières closes.
Début et fin de la neige, Yves Bonnefoy