Le tréport, dimanche 25 novembre 2012. 10h01
On regarde par la fenêtre.
Non, on ne regarde pas : on ne voit rien, on tourne simplement la tête.
On laisse aller ses yeux : ils se promènent sur la couleur, ils glissent à la surface des choses. Ils se perdent, ils s'oublient et s'endorment dans le paysage. Ils sont ouverts en grand, mais rien ne les occupe.
Le corps à son tour s'alourdit : il se rencogne sous la peau et s'épaissit de l'intérieur, il écoute son propre silence. Il s'habille de ce dehors calme, s'enduit de la lumière grise du jour et se prépare à disparaître. il connait l'absence et s'engourdit, se résigne, sans espoir d'aucune sorte, à peine brûlé d'une larme, juste en arrière de l'oeil, là où resplendissait le bleu du ciel.
On se lève, puis on se rassied.
On cherche quelque chose. On entrouve les livres, on les referme. On n'a plus goût à rien. On fait les gestes lents de l'insomnie et de l'ennui. On n'est là pour personne, même pas pour soi. Il semble qu'on n'existe pas, ou si peu : juste une veine qu'on entendrait battre, au creux du cou. Il arrive ainsi qu'un homme se réduise à son pouls, son haleine.
On ne sait pas à quoi on pense, ni si on pense à quelque chose.
On attend : on ne peut rien faire d'autre. Ce n'est l'heure de rien, on attend son heure.
On attend la mer, l'arrivée des dieux, ou le retour de la femme que l'on aime. On attend dans ses nerfs. On attend d'écrire. On attend d'être pris et de prendre le large. Vivre, on ignore ce que c'est. Mourir, on se l'imagine mal.
Attendre est tout ce que l'on sait.
L'écrivain imaginaire, Jean-Michel Maulpoix.