Il est mort,
Il est mort de froid parce qu'il a lu un poème.
Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n'atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu'à l'essence même, la vie s'immobilise l'espace d'un instant. Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. Il en est qui vous mènent à l'oubli, vous oubliez votre vareuse, le froid s'approche de vous : touché ! dit-il et vous voilà mort.
Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était doux, combien sa volonté de vivre était forte et combien l'existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s'évanouit en une fraction de seconde et il se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c'est une trahison que d'oublier. Oublier sa manière de sourire avec le regard, la manière dont il dessinait un coeur au creux de la main, la manière dont il buvait son café.
Cette façon qu'il avait de lever les yeux, de plonger sa main à l'endroit le plus chaud de votre corps.
Et pourtant vous l'oubliez. Vous l'oubliez lentement, mais sûrement.
Série : Les déferlantes, 29 décembre 2011. Stella-plage,
la tempête depuis des jours et des nuits.
(mais j'ai de belles bottes marines)