Chapt. 1
mer et ardoise
Chapt. 2
nuages
"... C'est si beau, la mer et les ciels, les bêtes, les gens, et les arbres tels que la
nature les a faits, avec leur caractère, leur vraie manière d'être, dans la
lumière, dans l'air, tels qu'ils sont..."
Ces propos, sous forme de profession de foi ont été rapportés par Claude Monet dans le journal "le temps" de 1900. Monet, alors au faîte de sa gloire, ne reconnait que deux maîtres Jongkind.... et Boudin.
Né à Honfleur en 1824, Eugène Boudin ouvre, à 20 ans,une boutique de papier et d'encadrement.
Il dessine depuis l'enfance. Dans sa devanture figurent des toiles d'Isabey, Troyon, Couture, Millet.
Grâce aux conseils de ces trois derniers, Boudin progresse. A Honfleur, il rencontre Baudelaire et Courbet. Nourri des conseils de ses amis, l'autodidacte décroche une bourse de la ville du Havre pour partir étudier à Paris pendant 3 ans.
A travers ses oeuvres lumineuses où le ciel et la terre couvrent la totalité de la toile, Boudin cherche à transcrire les variations subtiles et rapides des paysages de l'estuaire de la Seine...
" Oui, l'imagination fait le paysage. Je comprends qu'un esprit appliqué à prendre des notes ne puisse pas s'abandonner aux prodigieuses rêveries contenues dans les spectacles de la nature présente.....
Ces études, si rapidement et si fidèlement croquées d'après ce qu'il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d'après des vagues et des nuages, portent toujours, écrits en marge, la date, l'heure et le vent; ainsi, par exemple: 8 octobre, midi, vent de nord-ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pouvez vérifier par mémoire l'exactitude des observations de M. Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l'heure et le vent. Je n'exagère rien. J'ai vu. A la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l'éloquence de l'opium.
Phare de Honfleur, Georges Seurat, 1886
Photographies Noir et Blanc : Paul Lancrenon, Noël Le Boyer, 1900. Médiathèque de la Cité de l'Architecture
Photochromes : 1890, Library of Congress, extraits de : Views of architecture, monuments, and other sites in France (1905 - Detroit Publishing Co.)