BRNO
Dimanche 20 janvier 2013
de l’est,
Café Cosmopolis,
assis au chaud après avoir déambuler entre les livres chez Barvic & Novotny, je regarde ces étudiantes à la beauté fine et altière, pas pressés, qui traversent la rue dans le froid.
La nuit tombe tôt ici. Le sol glacé rend la démarche tantôt hésitante, tantôt chancelante.
Je les regarde et me demande parmi toutes ces passantes que je croise, parmi celles qui attendent leurs trams blanc et rouge, ou cette serveuse brune qui m’apporte mon Kava, qui ne comprend pas grand chose à mon tchèque, laquelle a, par besoins, pour des loyers à payer, d'autres enfants à nourrir, des études à financer, un téléphone portable à écran tactile, dû subir cette anesthésie générale et vendre ses ovules commandés.
Un petit ami a-t-il eu peur pour elle ? Quelles furent ses pensées au petit matin, sur un coin de table, devant sa tasse ? De quel village des alentours peut-elle venir ? Renata venue étudier l’art à Brno. Ici comme elle dit, pour beaucoup de filles, c’est les ménages ou la prostitution.
Se réveillera–t-elle en se demandant, pensées perdues, où grandira l’enfant qui viendra d’elle, qui lui ressemblera, accouché par d’autres ventres ? Aura-t-il ses yeux, son sourire, ses défauts ? Elle, qui sera l’oubliée, une simple mention sur un dépliant, à la fin d’une longue liste décrivant des tarifs, pudiquement : compensation à la donatrice.
Quels furent les critères de sa sélection par reprofit ? Physiques, intellectuels, les deux ? Fut-elle recrutée par une petite annonce dans le journal local ?
Dans cette ville où Gregor Mendel découvrit la génétique devenue commerce, après avoir traversé de nuit ces pays sous la neige, même si je comprends tout le désir, devenu besoin, puis nécessitée d'être mère. Je regarde et je m’interroge. Je m’interroge.
Un midi d’été 2011, sur la passerelle Simone de Beauvoir enjambant la Seine, après m’avoir révélé cette méthode envisagée, en se levant du sol, Elise m’affirma. « De toutes façons, il aura deux pères, un père biologique bien sûr et un père d’amour car il grandira en moi avec un cœur qui t’aime ». Puis elle prit mon opinel rouillé qui me servait à couper ma pomme, en me disant : "C’est mauvais".
A ces mots, au moins j’aurais été là, entre ces murs. Au mieux, Au pire. Puis finalement au rien, depuis ce dimanche en posant ma valise le soir pour retrouver Elise rentrant de Grenade, j'ai appris dans un SMS, que tout n'était que mensonge.
Brno, mercredi 23 janvier 2013
La saint Vincent oubliée
Bien sur, évidemment.
RE - PROFIT
BRNO
mardi 22 janvier 2013